Ecarlate et Violet », la plus enchanteresse des catastrophes techniques


Dans « Pokémon : Ecarlate et Violet », Menza joue le rôle traditionnel de la rivale sympathique.

En moins d’un an, les fans de Pokémon ont bénéficié de trois titres sur Switch : le médiocre remake sous-traité Diamant étincelant et Perle scintillante, sorti en novembre 2021, le très surprenant spin-off Légendes Pokémon : Arceus de ce début d’année et, désormais, Ecarlate et Violet (sortie prévue vendredi 18 novembre), la neuvième génération de la série principale qui vient succéder à Epée et Bouclier de 2019.

Après le pseudo-Royaume-Uni, nous voici à Paldea, contrée inspirée de la péninsule ibérique. Le personnage joueur y prépare sa rentrée dans une imposante académie aux faux airs de Sagrada Familia. Cependant, les apprentis dresseurs sont vite envoyés en excursion dans les provinces alentour, ce qui se traduit par la possibilité d’aller littéralement partout. Une petite révolution pour une série habituée aux routes balisées et barricades scénaristiques : on sent que la philosophie de liberté d’Arceus est passée par là et qu’on n’a pas affaire à un Pokémon comme les autres.

Un grand voyage à dos de Pokémon tapas-partout

Dès le prologue, on nous donne accès à une monture – sorte d’hybride entre un lézard et une moto – qui sera notre compagnon pour le reste de l’aventure. Initialement limitée à la simple course, elle gagnera en mobilité avec le temps et finira par permettre de dompter reliefs et rivières. Le monde ouvert en lui-même ne paye pas de mine au début, mais semble avoir été calibré pour paraître vaste sans toutefois se montrer trop long à parcourir.

L’orientation est agréable : la plupart des lieux d’intérêt brillent au pied d’une colonne de lumière, les centres Pokémon arborent un grand symbole blanc visible de loin et l’on peut aisément se téléporter n’importe où depuis la mappemonde. Quant aux Pokémon eux-mêmes, ils remplissent avantageusement les espaces en étant de nouveau représentés en temps réel dans les environnements, par opposition aux anciens jeux, qui mettaient en scène des rencontres aléatoires au milieu des hautes herbes.

On passe le plus clair de notre temps sur notre fidèle monture, Koraidon, véritable Pokémon tout terrain.

Tout cela sert une structure parfaitement engageante : trois quêtes principales réparties en dix-huit objectifs, que le joueur peut théoriquement prendre par n’importe quel bout. Signe des bons titres en monde ouvert, cette progression non linéaire nous pousse à étudier avec attention la carte et prévoir des itinéraires. Avec un bémol cependant : la difficulté des épreuves ne s’adapte pas au nombre de missions accomplies, ce qui crée mécaniquement un ordre imposé.

Parmi les défauts, on peut aussi citer le système traditionnel de capture des Pokémon, lent en diable, qui fait malheureusement son retour. En revanche, la « téracristallisation » (nouvelle mécanique qui permet à un combattant de changer de type de créature à la volée) est une excellente idée, dans la lignée des « méga-évolutions » introduites avec les épisodes X et Y.

Les raids sont de retour, cette fois-ci pour capturer des Pokémon dits « Terracristalisés ». Ces adversaires voient parfois leur type changer.

Le Donphan dans la pièce : le jeu est une honte technique

Depuis son passage définitif à la 3D, la série des Pokémon prête le flanc à une critique en particulier : son incapacité crasse à produire un jeu propre sur le plan des performances et des graphismes. Ecarlate et Violet n’échappe malheureusement pas à la règle.

Si les personnages, les Pokémon, les illustrations en 2D et certaines villes – merci l’influence espagnole qui donne un vrai cachet aux bourgades – font montre d’un réel savoir-faire, tout le reste demeure plus bas que terre. Le jeu ralentit dès qu’un panorama se dégage ou que trop d’effets sont présents à l’écran, d’effroyables bugs de lumières surviennent fréquemment, les textures bavent, de nombreux éléments (dont les Pokémon) apparaissent au dernier moment… Bref, sur le plan des performances, le titre se montre indigne d’une Switch, dont on ne demande pourtant pas des miracles.

Malgré les lacunes techniques qui rongent « Pokémon : Ecarlate et Violet », le mélange inédit entre l’architecture d’inspiration ibérique et le monde des Pokémon crée une atmosphère franchement plaisante.

On en arrive au point où ces lacunes gâchent une partie du plaisir. Au point de se demander si la licence tout entière et Game Freak n’auraient pas intérêt à lever le pied sur la sortie de nouveaux épisodes – dont le rythme est particulièrement contraint par l’énorme machine de produits dérivés qui tourne en parallèle –, afin de combler ce déficit technique qui devient, de titre en titre, de plus en plus ridicule. Si, comme pour Arceus, le travail admirable des game designers sauve la mise sur Ecarlate et Violet, un tel schéma ne tiendra sans doute pas éternellement.

L’avis de Pixels :

On a aimé :

  • la nouvelle recette au rythme parfait ;
  • la téracristallisation qui bouscule le système d’affinités ;
  • l’ambiance ibérique rafraîchissante.

On a moins aimé :

  • l’état technique du titre, lamentable ;
  • les champions d’arène dont le niveau ne s’adapte pas en fonction de la progression ;
  • on regrette le prodigieux système de capture de Légendes Pokémon : Arceus.

C’est plutôt pour vous, si :

  • vous étiez déçu des environnements ouverts en demi-teinte de Pokémon : Epée et Bouclier ;
  • vous attendiez une renaissance de Pokémon pour vous y remettre.

Ce n’est plutôt pas pour vous, si :

  • vous estimez qu’un jeu de 2022 devrait bénéficier de graphismes de 2022 ;
  • vous n’arrivez plus à suivre avec tous ces jeux Pokémon.

La note de Pixels :

15/20 (soignez votre copie !)



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